Christian Sebille est compositeur de musique et directeur du GMEM — Centre national de création musicale de Marseille. Spécialisé dans la spatialisation du son, ses recherches au Cirva explorent les qualités sonores du verre à travers un instrumentarium de sculptures chacune dotée d’une signature sonore singulière. Il compose « Paysages de propagations », une série d’installations immersives fondées sur la réalisation de pièces en verre qui ont été spécifiquement soufflées au Cirva, sans prédétermination de leur forme plastique. L’installation principale, Paysage de propagations #1 Matrice, est articulée d’environ trente éléments en verre joués par un dispositif mécanique constitué d’automates pilotés par ordinateur – une recherche menée avec le collectif d’ingénierie électronique et mécanique Sonopopée. Les vibrations des pièces sont captées puis transformées, avant d’être diffusées par cet orchestre de verre.
 
« Nous sommes dans un lieu clos où les pièces de verre, réveillées par des mécanismes asservis, propagent leur identité sonore. Les lumières balayent l’espace. Rien ne semble fixe. Dix tables présentent des pièces uniques, inertes, jusqu’à l’action du percuteur. Le souffle des artistes verriers se prolonge par le son. La matière passe du solide au vibrant, du souffle figé à son expansion retentissante. Les sons se propagent dans l’espace, se mélangent entre leurs zones de propagation. Les éclats de lumière et les nappes de couleurs, en contrepoint, brouillent les repères.
Après un temps d’observation, vous déambulez à la recherche des mécanismes. Ogives ou vasques frappées, longues tiges ou cymbales tapées ou frottées, bandes de lumière vibrantes… après le premier étonnement, c’est la recherche de la compréhension du dispositif qui s’impose. D’où viennent les phénomènes ? Puis jaillissent les bulles de spectres lumineux ou sonores, les axes de dialogues et les traces des fréquences. Les jeux entre les familles de sons – bois, métal, pierre – s’interrogent et s’interpellent. Les mouvements des résonances demandent l’immobilité de l’auditeur et son observation.
Vous décidez d’être à l’intérieur du petit monde. Un lien dérisoire et ironique s’installe entre vous et le cosmos. Vous êtes dans un endroit décidé de votre écoute, à un endroit de l’orchestre, proche de ce qui est fort, écarté du lointain. » [Christian Sebille, 2021]
 
La série « Paysages de propagations » se décline en plusieurs mouvements :
— #0 Han-naH : installation plastique d’une pièce équipée d’un transducteur qui diffuse des textes d’Hannah Arendt mixés à une improvisation vibraphone (Alex Grillo) et électronique
— #1 Matrice : installation avec vidéo
— #1.2 Matrice : installation avec vidéo, adaptée pour le Théâtre de Privas
— #2.1 Performance : jeu avec le percussionniste Philippe Foch et dispositif en temps réel
— #2.2 Performance / installation
— #3 Fusion : installation avec vidéo
— #4 Filtres et résonances : pièce pour six voix (Les Métaboles), percussions en verre (Multilatérale) et dispositif électronique
— #5 Rotations : installation sonore, immersion acoustique
 
À la Galerie d’exposition du Théâtre de Privas, Christian Sebille présente Paysage de propagations #1.2 Matrice et #3 Fusion, ainsi qu’une toute nouvelle œuvre créée pour cette exposition, #5 Rotations proposant un massage sonore...